La surprise est vite arrivée. Alors que les députés entamaient à peine la discussion du projet de loi relatif à la protection des enfants, mardi 6 juillet, le secrétaire d’État Adrien Taquet a musclé un texte initialement jugé décevant sur tous les bancs.
Ce dernier est intervenu là où plus personne ne l’attendait : la sortie de l’Aide sociale à l’enfance (Ase). Depuis des années, cette question l’oppose à des associations très mobilisées, qui dénoncent le gâchis humain d’une fin de prise en charge trop précoce, très souvent le jour des 18 ans, ce qui aboutit au fait que des jeunes basculent dans la misère et viennent grossir les rangs des sans-abri. Mais jusqu’à présent, le gouvernement opposait une fin de non-recevoir aux demandes d’extension de leur prise en charge jusqu’à 21 ans.
Il semble désormais prêt à lâcher du lest. Par voie d’amendement, il vient d’accéder à cette demande d’extension. Ce n’est pas tout : alors qu’Emmanuel Macron doit préciser dans quelques jours ses arbitrages sur la future garantie jeunes universelle, Adrien Taquet a, là encore, montré sa bonne volonté. Il a annoncé que ce dispositif « sera systématiquement proposé aux jeunes sortant de l’Ase ».
Concrètement, la garantie jeunes est un outil d’insertion jugé efficace : elle permet de mettre le pied à l’étrier à des jeunes qui ne sont ni en emploi ni en formation, et doit être étendue en cette période post-Covid au-delà du public fragile auquel elle est en général destinée.
Par ailleurs le système des contrats jeunes majeurs reste valide. Eux sont de nature différente : spécialement conçus pour ces sortants de l’Ase, ils consistent en un accompagnement éducatif, professionnel et financier, et garantissent, notamment, l’accès à un logement. Leur maintien est essentiel, selon les associations.
Les acteurs de terrain saluent tous des « avancées majeures ». Antoine Dulin, ancien vice-président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), veut croire que l’avenir des jeunes placés s’éclaircit. « Certes, on aurait pu rêver d’une prise en charge encore plus longue, jusqu’à l’insertion professionnelle du jeune, mais c’est déjà une avancée énorme », salue-t-il.
Michèle Créoff, ancienne vice-présidente du Conseil national pour la protection de l’enfance (CNPE), qui a beaucoup bataillé sur cette question, se réjouit, elle aussi : « Désormais, les jeunes majeurs disposent d’une base juridique pour faire valoir leurs droits devant les tribunaux. Cela pourrait bien tout changer dans les pratiques. »
Le collectif Cause majeur !, qui regroupe trente associations et des jeunes sortants, fait de son côté valoir l’immensité des besoins. « Chaque jour, nous sommes saisis par des jeunes à qui on signifie la fin de leur prise en charge alors qu’ils n’ont pas fini leurs études », explique ainsi la porte-parole Florine Pruchon. Certains points d’inquiétude persistent néanmoins. « Attention, notamment, aux prises en charge qui seraient morcelées », alerte le collectif, qui rappelle l’importance d’un suivi cohérent et au long cours. La Croix – 8 Juillet 2021